Les solutions d’environnements numériques de travail (ENT) sont simples d’utilisation et permettent d’assurer un meilleur suivi pédagogique. Cependant, ces dernières sont encore loin derrière les exigences du RGPD.
Des failles de sécurité menaçant l’intégrité des données traitées par ces applications
Les solutions d’ENT sont la cible quotidienne de cyberattaques. L’intérêt pour un attaquant étant de chiffrer les données, de défigurer le site internet pour y insérer des messages de propagande, ou encore de voler les données afin de les revendre à d’autres attaquants.
En 2020, un hacker éthique alerte le journal Numerama d’une faille de sécurité retrouvée dans le script d’une application scolaire. Cette faille, si exploitée, pourrait se répandre à d’autres applications similaires hébergées sur le même serveur. Les données personnelles des élèves et du personnel éducatif pourraient alors très facilement être corrompues et/ou dérobées. A ce jour, rien ne nous permet d’affirmer l'existence d'une correction de cette faille.
Les établissements scolaires doivent impérativement renforcer la sécurité de leurs environnements numériques de travail afin d’être conformes au RGPD et ainsi garantir la sécurité, la confidentialité et l’intégrité des données personnelles qu’ils traitent. Cela passe notamment par la réalisation régulière de tests de sécurité du système d’information, afin d’en corriger les failles, mais aussi par des mesures qui renforcent les bases de la sécurité du système d'information.
Quelques indices pour avoir une idée sur la sécurité d’un ENT
Tout d’abord, rares sont les solutions qui respectent les exigences en termes de cloisonnement des accès aux informations. Il est possible pour des parents d’élèves d’avoir accès à la liste de l’ensemble des parents. Or, cela va à l’encontre du RGPD. Toute consultation non-nécessaire de données personnelles ne peut être effective.
Il doit également être possible pour les utilisateurs de modifier leurs mots de passe lors de leur première connexion. Par ailleurs, ces mots de passe doivent être suffisamment robustes : minimum 12 caractères alphanumériques alternant majuscules, minuscules et caractères spéciaux. A nouveau, une telle pratique est quasi-inexistante dans les solutions d’ENT présentes sur le marché. Les utilisateurs sont libres de rentrer des mots de passe comme 1234, 0000, password, ou encore la date de naissance de leur enfant.
Par ailleurs, la solution doit pouvoir déconnecter automatiquement l’utilisateur au bout d’une certaine période d’inactivité. De même, si l’utilisateur ferme la page, il devrait de nouveau avoir à s’authentifier. Cela contribue à la cybersécurité de la solution.
Aussi, un système de purge des données devrait être mis en place sur les boîtes mail internes. En effet, les données personnelles ne peuvent être conservées une fois la finalité de leur traitement atteinte.
Assurez-vous également que le site internet dispose du protocole HTTPS, permettant de grandement limiter les attaques du type « man-in-the-middle ».
Attention aux transferts de données hors Union Européenne !
Enfin, les données personnelles de ces applications peuvent être hébergées en France, mais par des entreprises basées aux États-Unis. En étudiant la politique de confidentialité d’une de ces solutions, l’on s’aperçoit que les données sont hébergées en UE, mais par des hébergeurs tels qu’Amazon ou Microsoft. Or, le Cloud act impose à ces entreprises de transmettre leurs données, peu importe leur localisation, si les autorités le requièrent. En effet, bien qu'un nouvel accord entre l'UE et les États-Unis soient en cours de signature pour les transferts de données vers des entreprises américaines, il ne faut pas oublier que ces accords dépendent de la personne au pouvoir. Ainsi, il n'est pas certain que le successeur de Joe Biden le maintienne.
Mais les Etats Unis ne sont pas les seuls Etats à disposer d'une telle réglementation. Assurez-vous donc que les données ne soient pas hébergées par des solutions américaines ou, de manière générale, par des entreprises soumises à d’autres lois que celles de l’Union Européenne.